GRIGNON aux mains du PSG : le cauchemar d’Apus-apus

Apus-apus est un martinet noir, l’un des rares oiseaux apprenant à voler sans l’aide de ses géniteurs. Né à GRIGNON, il y revient après quelques mois passés sous d’autres latitudes. Mais durant son absence, le PSG a investi son domaine, et Apus-apus, stupéfait, ne reconnait plus le paysage lunaire qu’il découvre, ni les étranges petites bêtes jaunes et noires qui y circulent …

 

Bonjour,

moi, Apus apus (appelez-moi par mon nom vernaculaire : Martinet noir, ça fait moins pédant) me voilà de retour après quelques mois passés loin d’ici, mon lieu de naissance. J’ai programmé mon GPS sur les coordonnées que j’avais mises en mémoire juste avant de partir ; et …. pourtant je suis bien revenu là où je suis né ? , Oui les coordonnées sont bonnes … mais je ne m’y retrouve plus, vu d’en haut c’est un paysage lunaire !

Des petites bêtes jaunes et noires circulent au sol. Ce ne sont pourtant pas des fourmis ! Renseignement pris auprès d’un collègue aérien, ce sont des bulldozers, des scrapers… me dit-il. Désolé, je ne connais pas.

Mais qu’est-il arrivé ?

Oh ! tu sais l’ami, un jour j’ai vu arriver des espèces de gros insectes noirs longs comme des scarabées desquels sont sortis des bipèdes ; ils ont enfoncé dans le sol des piquets pour délimiter des surfaces. Puis un beau jour, j’ai entendu des bruits bizarres, des craquements, comme si la tempête de 1999 revenait. Tu es trop jeune, gamin pour t’en souvenir, tu n’étais même pas né… c’est la désolation. Et je ne te parle pas du désastre chez nos amis à quatre pattes, on pensait être le jour de l’Apocalypse.

 – Mais dis-moi, que veulent-ils faire ici ?

 – Il paraît que c’est destiné à des hommes qui donnent des coups de pieds dans ce qui ressemblerait de haut à des crottes de lapin. Et d’après ce que j’ai entendu dire ils sont payés comme des princes ! tu te rends compte ? et il leur faut du « gazon » ! Te rappelles-tu de nos bonnes vaches qui mangeaient de l’herbe, elles seraient complètement sidérées, leur lait tournerait, ce serait du yaourt qu’elles produiraient. Je suis certain que si on leur donnait quelques fraises, les yaourts seraient parfumés !

Et alors qu’est-il advenu de toutes les espèces qui étaient présentes avant que je m’en aille ?

– Comme tu peux le voir, les grands arbres ont été coupés et débités en bois de chauffe, quel malheur ! les vallons ont été comblés avec des matériaux apportés par des énormes camions, c’est tout juste si le château reste debout, mais on ne sait pas trop ce qui s’y passe la nuit. Le soir les lumières s’allument, des bruits qu’on appelle aujourd’hui musique s’échappent par les fenêtres ouvertes, des ombres passent et repassent. Bref c’est devenu quelque chose qu’y s’apparente à un club nocturne. Je n’y connais rien.

Et alors que reste t-il ?

Des banalités, tout a été envahi par les Pies bavardes, les Corneilles noires, les Pigeons biset de ferme (ceux-là il faudra une catastrophe pour les déloger) ; figure-toi que des Tourterelles occupent les quelques tilleuls restés sur pied. Je n’ai rien contre ces oiseaux mais tu sais… Et puis je ne t’ai pas dit, il y a de grands oiseaux, d’un joli vert ma foi, qui sont arrivés, et poussent des cris à réveiller les morts !

 – Et tous nos petits passereaux chanteurs qui s’égaillaient dans notre environnement et égayaient nos matins printaniers, c’est d’un triste ! Je n’ai rien entendu ce matin et pourtant il ne faut pas grand-chose pour que les merles chantent !

 – As-tu vu l’état des routes ? ce sont de véritables autoroutes.

 – Il n’y a plus que des véhicules bas sur pattes, qui vrombissent, arrivant et partant toute la journée. C’est infernal.

 – Je crois que j’ai eu tort de revenir.

 – Eh oui mon pauvre. Si j’ai un conseil à te donner va voir ailleurs si tu ne trouves pas un petit hôtel sympa pour passer ta nuit de noce.

 – Adieu l’ami et bonne chance à toi. Nous nous reverrons sans doute au paradis des oiseaux, je vais faire un saut du côté d’Assises en toucher deux mots à un certain François de mes amis.

Apus apus

Chroniqueur volant