La Garden Party de GRIGNON ….en 1950

Après Oscar GODIN (promotion 2015), c’est Léonce VILBERT (promotion 1950), qui évoque la Garden Party de l’Ecole d’Agronomie de GRIGNON. Une tradition qui fera vibrer dimanche le domaine de GRIGNON (78). Un site unique convoité par le PSG mais que ses amoureux ne sont pas prêts à lui abandonner ! Pour preuve, la pétition lancée par … Léonce VILBERT. Elle a déjà réuni plus de 25.000 signatures !

Léonce Vilbert janvier 2016

La Garden Party de Grignon ….en 1950.

C’était – et ça demeure- un événement majeur dans la vie de Grignon.

Et quelles en sont les raisons ?   Les élèves sont fiers de leur Ecole et veulent la montrer autour d’une grande fête.

– ouvrir la grille au Public pour qu’il découvre ce site privilégié

– inviter leurs anciens, famille, amis à venir participer à la fête

– inciter les anciennes Promos à se retrouver ensemble à Grignon pour l’occasion

– échanger entre générations sur les études, les carrières, l’avenir

– souder la Promotion en montant ensemble un grand évènement

– s’investir dans une entreprise risquée qui doit récolter des fonds pour financer le voyage de 3° année mais qui capotera si la météo n’est pas de la partie

Donc la préparation de la Garden n’est pas une partie de plaisir.

Dès la rentrée, après les brimades traditionnelles, avaient lieu une campagne électorale haute en couleurs, en affiches, slogans, caricatures, promesses, déclamations, empoignades etc…qui durait une dizaine de jours et se terminait par l’élection de la liste –unique- du BDE, de la Lyre et d’un Z Garden.

Ce Z Garden se mettait au travail aussitôt (fixation du calendrier, budget, responsables des différentes activités… ).

En premier lieu, la publicité,

– le collage des affiches, le Directeur de la ferme mettait à notre disposition un voiture avec une remorque où étaient ensilés échelles, affiche, pots de colle et colleurs d’affiche. Des virées mémorables qui attiraient les foules à la Garden.

Echauguette

L’échauguette (démolie depuis)

– une autre virée dans les rues de Paris, à pied cette fois, revêtus de la blouse bleue à écusson grignonnais, sonnant de la trompe de chasse pour annoncer aux Parisiens l’existence de Grignon et de sa Garden dont le programme était placardé  au dos des hommes sandwich que nous étions.

– une autre opération moins amusante était d’écrire à la main sur des centaines d’enveloppes les noms et adresses des Grignonnais répertoriés dans l’Annuaire, ça durait des soirées mais nous avions transformé cette corvée en joyeuses rigolades….

Puis venait la distribution des tâches qui était faite par le Z Garden selon je ne sais quels critères.

Toujours est-il que mon Président Emmanuel Delachaussée dit le Marquis m’annonce, tout de go, tu t’occuperas d’un concours de tir et tu auras Pierre Cordonnier ton copain de prépa pour te donner un coup de main. Point, pas de discussion !

Abasourdi, je n’ai rien trouvé sur le champ pour refuser, pour lui donc j’étais d’accord…

Qu’est-ce que c’est un concours de tir, comment ça marche ? Aucune idée.

 

Contrairement aux autres activités qui se répétaient chaque année : concours hippique, gymkana auto, défilé de mode ou de vieilles voitures, bar, repas, bal….

Un concours de tir n’avait jamais eu lieu à Grignon, c’était une première, sans aucune référence, pas d’anciens ayant vécu cette affaire pour me guider.

Je n’en dormais plus la nuit et  séchais les cours pour courir aux informations.

Heureusement il y avait à Versailles un stand de tir et une association qui m’a beaucoup aide, est même venu choisir avec moi l’endroit le plus approprié et le moins dangereux, ce fut dans la Falunière dont nous ignorions à l’époque toute la valeur scientifique.

Ce club de tir me conseillait:

– de prendre un certain nombre de précautions par exemple, de ne pas quitter le pas de tir pour aller compter les points sur la cible située x mètres plus loin au pied de la paroi (je ne sais plus la distance officielle)

– il fallait que ce soit la cible qui se déplace donc inventer un système de rapatriement avec câbles, poulies, manivelles

– demander aux concurrents d’amener leurs armes personnelles,

– les autres amateurs pourraient se servir de pistolet prêtés par le club de Versailles

Cette partie technique a demandé beaucoup de déplacement à Paris pour trouver et acheter tout ce matériel, le monter, l’essayer, mais ce ne fut pas le plus pénible.

Mon cauchemar fut la recherche de lots, des prix de valeur pour récompenser les vainqueurs, pas de téléphone portable, pas d’internet, une seule ligne de téléphone fixe “ MANSART 2214” et payante, pour 3 Promotions.

Donc écrire des lettres aux fabriquants, aux armuriers, aux clubs.

 

Je n’oublierai pas le démarchage chez Gastinne Renette, très chic magasin du côté des Champs Elysées, Monsieur Gastinne m’écoute et me renvoie vertement dans ma campagne “je suis centralien, j’aide Centrale, un point c’est tout”. Allez-vous faire voir ailleurs, il ne m’a sans doute pas dit cela mais c’est ce que j’en retiens encore aujourd’hui….

 

De temps en temps le Marquis me disait où en es-tu ?

Je me souviens encore lui avoir expliqué mes difficultés à trouver les poulies nécessaires au renvoi les cibles …

Débrouilles toi, achète des poulies en or s’il le faut mais il faut que ça marche le jour J.

De quoi m’encourager!

La partie comptable fut remarquablement gérée par Pierre qui distribua en prix presque tous ses gains disant c’est un investissement pour les Garden suivantes.

J’ai beaucoup trop parlé de mon engagement mais c’est qu’il a eu une influence déterminante dans ma carrière professionnelle… car c’est sûr si je n’avais pas eu à organiser ce concours de toutes pièces, jamais, jamais, je n’aurais osé créer mon entreprise.

Et le Ruta n’était pas innocent à nous encourager, convaincu que la mise sur pied d’une Garden était un excellent exercice de formation pour nous et pour lui une bonne image  de marque, car le jour de la Garden il invitait royalement les gens du Ministère dans sa Rutasserie.

Merci, Jacques Ratineau !

 

PS 1 : je m’aperçois 66 ans après que j’ai oublié d’informer la Gendarmerie, mais le principe de précaution n’était pas encore érigé en règle d’or.

PS2 : Quant aux autres activités de la Garden je ne peux rien en dire, je n’ai rien vu cette année-là, ni rien entendu, les tirs de pistolet couvrant les lointaines musiques ambiantes.

Mais venez donc cette année 2016, c’est le dimanche 15 mai!

 

Et signez la pétition lancée par Léonce VILBERT contre la vente de GRIGNON au PSG !