La girouette, le leurre et la boussole

Si l’on en croit « L’Equipe », après avoir renoncé à construire à THIVERVAL-GRIGNON son centre d’entraînement et avoir fait de POISSY l’élue de son cœur, voilà que le PSG serait sur le point de délaisser la cité de Louis IX au profit de SAINT-GERMAIN EN LAYE ! Et c’est ainsi que, de manière inattendue, l‘affaire GRIGNON / PSG se transforme en fable …

L’homme est un inventeur impénitent. Depuis la nuit des temps, il ne cesse d’inventer, puis d’améliorer et de transformer ses inventions. Parmi les innombrables fruits de cette quête incessante de la création nouvelle, l’actualité grignonaise nous invite à en distinguer trois: la girouette, le leurre, et la boussole.

La girouette, chacun le sait, est une plaque mince et légère, souvent taillée en forme de flèche empennée ou de coq, montée sur un pivot, que l’on place sur un clocher, un toit ou un mât, de manière qu’elle tourne au gré du vent et en indique la direction.

La fonction de l’objet a conduit à lui conférer un sens figuré : dans la langue familière, girouette désigne désormais une personne qui, par intérêt ou par inconstance, change souvent d’avis, de sentiment, de parti.

Le leurre n’est pas une moindre invention de l’homme. En langage de fauconnerie, il correspond à un morceau de cuir rouge imitant la forme d’un oiseau, auquel est attaché un appât et dont on se sert pour appeler les oiseaux lorsqu’ils tardent à revenir « au réclame ». En matière cynégétique, le leurre prend la forme d’appeaux, destinés à attirer le gibier en le trompant. Pour le pêcheur, il est cet appât factice muni d’un ou de plusieurs hameçons, employé dans la pêche au lancer. Enfin, pour la gent militaire, c’est un dispositif ou un objet imitant un équipement de combat, et destiné à tromper les observateurs ennemis, quand il ne s’agit pas de l’engin ou du ruban métallique permettant de brouiller les échos radar ou de faire dévier de sa cible un missile autoguidé.

Le leurre lui aussi a donné naissance à son dérivé en forme figurée : il est, dans la langue commune, l’artifice, le subterfuge dont on se sert pour attirer et tromper quelqu’un.

La boussole enfin, chacun le sait, est ce cadran gradué au centre duquel est fixée une aiguille tournant librement sur un pivot et dont la pointe aimantée se dirige toujours vers le pôle Nord magnétique. Familièrement, elle est le guide, le repère, l’axe d’airain.

 

Mais, nous direz-vous, que viennent faire dans l’affaire GRIGNON / PSG ces trois ingénieuses inventions ?

La réponse est fournie par la lecture, toujours fort instructive, du journal L’Equipe, daté du 27 mai.

Dans le feuilleton (d’aucun dirons le soap-opera) du centre d’entraînement du PSG, le quotidien sportif offre en effet aux aficionados un nouvel épisode inattendu : après avoir annoncé il y a à peine quinze jours que POISSY « serait l’option privilégiée » et distancerait THIVERVAL-GRIGNON, L’Equipe révèle en effet que SAINT-GERMAIN aurait abattu sa « dernière carte » et « obtenu un délai de la direction parisienne afin de lui présenter d’ici mi-juin un nouveau projet de 100 hectares, contre 40 (+ 20 de réserve foncière) auparavant. ». Une réunion se serait tenue le 26 mai entre des représentants de la ville et du Club, et ces derniers auraient accepté de reporter leur décision finale à la fin du mois de juin !!!

L’Equipe se fait précis en écrivant : « Le nouveau projet va mettre l’accent sur son côté écologique, sa présence en bordure de la forêt royale de Saint-Germain et l’absence de nuisance, contrairement à Poissy, exposé au vent et au bruit avec la proximité de l’A 13, selon la mairie saint-germanoise. La Seine, située non loin, pourrait aussi servir à acheminer les joueurs au Parc des Princes avec des navettes fluviales. Le prix de cession ne devrait pas excéder les 50M€ et celui de la dépollution du site est annoncé très bas. »

Bref, après THIVERVAL-GRIGNON, c’est POISSY qui serait à son tour délaissée par le PSG, victime d’une opération de charme massive (et du dénigrement peu confraternel)  de sa rivale SAINT-GERMAIN. Vicitime aussi d’une franche propension du club parisien à jouer  … les girouettes !

Nous y voilà !

Car, si l’information était fondée et que L’Equipe avait tout autant raison de donner SAINT-GERMAIN « gagnant » aujourd’hui que POISSY hier, il faudrait reconnaitre que le PSG aurait alors une fâcheuse tendance,  « par intérêt ou par inconstance, à changer souvent d’avis, de sentiment, de parti. » 

Voici donc pour la girouette.

Mais, nous direz-vous, qu’en est-il du leurre et de la boussole ?

C’est vrai ! Nous les avions oubliés !

Le leurre, nous l’avons dit, c’est « l’artifice, le subterfuge dont on se sert pour attirer et tromper quelqu’un ». La boussole, c’est « le guide, le repère, l’axe d’airain ».

Alors, si dans cette affaire un tantinet lassante du choix par le PSG du lieu d’implantation de son futur centre d’entraînement, POISSY hier ou SAINT GERMAIN aujourd’hui étaient des leurres, destinés à tromper la vigilance des opposants à la venue du PSG et de ses propriétaires Qataris à GRIGNON, chacun doit être averti : le Collectif pour le Futur du Site de GRIGNON, et avec lui tous les défenseurs ce que ce site unique représente en termes d’héritage et de potentiel scientifique, environnemental, et agroécologique tient sa boussole bien en main ! Aucune girouette ne l’affolera. Aucun leurre ne la mystifiera.

Le Collectif pour le Futur du Site de GRIGNON a un cap, qu’il tiendra jusqu’au bout, sans dévier de sa route : défendre GRIGNON contre ceux qui voudraient en faire un terrain de football géant ou un palace privé pour stars du ballon rond.

Foin des girouettes et des leurres ! Nous ne perdrons pas la boussole !