La déclaration d’amour pour GRIGNON d’un étudiant en agronomie

Le 12 mars, à GRIGNON (78), 400 personnes disaient non à la vente du château et de son domaine. Au PSG ou à tout autre acquéreur qui porterait atteinte à l’âme et aux patrimoines de ce lieu d’histoire, de nature et de science. Parmi elles, des riverains, des défenseurs de la nature, des scientifiques, et des élèves de l’école d’agronomie comme Oscar GODIN, dont le discours fera date.

« Quand on croit qu’en apparence les murs ne renferment que quelques vieilles briques et hectares, ce sont en réalité toutes les âmes des générations passées et présentes qui animent ces lieux » Oscar GODIN

Marche de protestation organisée par le CFSG le 16 mars 2016 Marche de protestation organisée par le CFSG le 16 mars 2016

 

Le 12 mars 2016, à GRIGNON (78), une marche de protestation organisée par le Collectif pour le Futur du Site de GRIGNON réunissait près de 400 personnes pour dire « non » à la vente du château et de son domaine. Au PSG comme à tout autre acquéreur qui porterait atteinte à l’âme et aux patrimoines de ce lieu d’histoire, de nature et de science.

Parmi les marcheurs, des riverains, des défenseurs de la nature, des scientifiques, et des élèves de l’école d’agronomie. Anciens comme Léonce VILBERT, de la promotion 1950, initiateur d’une pétition en ligne qui totalise à ce jour plus de 25.000 signatures. Ou actuels comme Oscar GODIN, étudiant en première année d’AgroParisTech, dont le discours, prononcé en clôture de la marche, a ému et impressioné les participants.

Nous publions ici, avec l’aimable autorisation de son auteur, ce discours qui fera date dans l’histoire du combat pour la sauvegarde de GRIGNON.

 

Mesdames, Messieurs,

C’est avec un immense honneur que je m’adresse à vous aujourd’hui. Un immense honneur, certes, mais aussi un sentiment étrange mêlant la joie de vous rencontrer sur le site de Grignon, et l’inquiétude quant à l’avenir de ce dernier.

Je ne vous rappellerai pas la situation, d’autres l’ont fait avant moi, d’autres le feront après. En réalité, la chose que je puisse faire de mieux pour représenter les étudiants Grignonais, c’est parler de ce que l’on voit et de ce que l’on vit tous les jours : le site de Grignon. Et j’aimerais aujourd’hui que l’on se souvienne de ce qu’il représente pour chacun d’entre nous. Car c’est ce site de Grignon qui nous unit tous aujourd’hui : ce sont ses pavillons qui nous rassemblent, son parc qui nous motive et son château qui nous donne la force et l’envie de nous battre et de nous indigner afin que tout ce patrimoine exceptionnel reste dans le domaine public.

Et c’est sans doute là la plus grande et la plus belle force de Grignon : quand on croit qu’en apparence les murs ne renferment que quelques vieilles briques et hectares, ce sont en réalité toutes les âmes des générations passées et présentes qui animent ces lieux. Car rappelons-le, derrière ces portes se cachent 190 ans de formation d’agronomes et de recherche agronomique. Crée en 1826 par le roi Charles X, l’Institut Royal Agronomique, devenu par la suite Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie puis Institut National Agronomique, avant de former au fil des fusions l’établissement AgroParisTech, n’a eu de cesse d’œuvrer pour qu’en France, les connaissances sur les sols, les pratiques culturales, et tous les autres domaines cultivés par le grand champ de l’agronomie, évoluent afin de montrer que notre pays n’est pas en reste concernant ces questions, et qu’il est capable de mettre en place des techniques efficaces afin que nous restions compétitifs sur la scène internationale.

Alors à l’heure où le XXI° siècle nous présente ses plus grands et ses plus beaux défis, à l’heure où les enjeux de l’agriculture sont plus importants que jamais, à l’heure où le monde fait face à de nouvelles problématiques encore sans réponses, le site de Grignon doit rester un emblème de ce pourquoi il a été créé : un espace dédié à l’agronomie. Et c’est ce pour quoi nous nous battons aujourd’hui. Renoncer à ce combat, ce serait rompre avec l’histoire et la mémoire du site, ce serait un peu le trahir, alors que c’est Grignon qui nous a unit hier et réunit aujourd’hui.

Alors en cette période ou le futur est trouble, profitons de Grignon, de tous les événements qui y prennent place, qu’ils soient novateurs comme le cross ou bien plus anciens comme la traditionnelle Garden Party. Grignon nous invite à participer à tous ces événements. Mais gardons à l’esprit qu’en luttant contre l’achat du site par des privés, nous pourrons contempler pour plus longtemps encore ce site exercer sa fonction principale : faire partie des plus beaux fleurons de l’agronomie française.

Oscar GODIN, 12 mars 2016