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Yvelines : fortes tensions après la vente du domaine national de Grignon à Altarea-Cogedim

L'opposition, notamment d'anciens élèves et d'élus, face à la vente par l'Etat de Grignon, berceau de l'agronomie française, ne faiblit pas. Le choix d'Altarea suscite les critiques les plus vives.

L'annonce de la cession du domaine national de Grignon au promoteur Altarea-Cogedim déchaîne les oppositions.
L'annonce de la cession du domaine national de Grignon au promoteur Altarea-Cogedim déchaîne les oppositions. (ISA HARSIN/SIPA)

Par Alain Piffaretti

Publié le 10 sept. 2021 à 20:28Mis à jour le 20 sept. 2021 à 15:14

L'annonce, au coeur de l'été, de l a cession du domaine national de Grignon, actuellement occupé par l'Ecole d'agronomie AgroParisTech, au promoteur Altarea-Cogedim déchaîne les oppositions. Une manifestation sur le site a regroupé, samedi 11 septembre, plus de 500 personnes (élus locaux, parlementaires, chercheurs et étudiants, ainsi que des représentants associatifs et des personnalités politiques nationales) , tous hostiles au projet de cession à Altarea. Grignon 2026, le holding financier créé par l'association Grignon 2000, qui regroupe les anciens élèves et « amis » de Grignon, a également décidé de déposer un recours contre la vente auprès du tribunal administratif. Le cabinet Huglo Lepage a été choisi pour organiser la défense des plaignants.

Le choix d'Altarea par l'Etat est censé mettre fin au long feuilleton de la vente du domaine de Grignon. En 2015, décision est prise de déménager l'école AgroParisTech au sein du cluster scientifique de Paris-Saclay, selon la logique de regroupement des grandes écoles. La nouvelle entité, qui réunit AgroParisTech et des laboratoires de l'Institut de recherche agronomique, Inrae, doit s'installer à Saclay en 2023. Mais il restait à trouver un avenir pour Grignon, son château du 13e, ses 130 hectares de terres agricoles, dont une ferme expérimentale, et ses 133 hectares de bois. Plusieurs projets sont pressentis puis abandonnés, notamment celui d'installer le centre d'entraînement du PSG qui se heurte à une levée de boucliers.

Véritable provocation

En 2020, l'Etat décide de lancer l'appel à projets qui vient de déboucher sur la sélection d'Altarea face à une dizaine d'autres projets. Le courrier laconique qui annonce la décision aux anciens de l'école et aux élus est perçu comme une provocation. Ces derniers oeuvrent depuis plus d'un an pour trouver une alternative aux promoteurs . Avec le soutien de la Banque des Territoires et d'autres groupes bancaires, le projet prévoyait notamment la création d'un centre de colloques dans les salles du château et d'un campus international dans les dépendances et espaces extérieurs. « L'Etat n'a même pas jugé bon d'expliquer aux anciens de Grignon et aux élus en quoi leur dossier ne lui convenait pas, s'indigne Mathieu Baron, délégué général de Grignon 2026. C'est plus qu'inélégant et fait fi de toute décentralisation. » Un avis largement partagé par Nadine Gohard, maire (SE) de Thiverval-Grignon : « Nous sommes extrêmement déçus par l'opacité du processus de décision. Mais nous allons nous battre pour éviter que ce projet ne se réalise. »

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Projet et contre-projet

Chez Altarea-Cogedim, on soutient que les opposants caricaturent leur proposition. Le promoteur indique aux « Echos » que son projet est d'abord celui d'un campus de formation d'un pôle d'innovation et de développement économique tourné vers l'agriculture et l'alimentation durable. « Des séminaires résidentiels et des événements concernant le monde agricole seront notamment organisés en partenariat avec l'Ecole AgroParisTech. Les terres agricoles (120 ha sur 275) continueront d'être exploitées par la Ferme de Grignon et les espaces boisés seront ouverts aux publics », expose un responsable d'Altarea. L'opération prévoit parallèlement la réalisation de 100 logements, une résidence services et un Ehpad. Les logements seront construits sur l'emprise foncière de laboratoires bâtis dans les années 1960. Ces arguments peinent à convaincre les opposants, qui pointent un projet avant tout immobilier. « Le promoteur va peu à peu morceler le site en une multitude de copropriétés ! C'est le pire scénario. Au moins la proposition du PSG ne prévoyait pas de démanteler le domaine », s'indigne Mathieu Baron. La sénatrice des Yvelines Sophie Primas, présidente (LR) de la commission des Affaires économiques du Sénat, appelle pour sa part à revoir sa copie : « Il est temps d'organiser une véritable concertation avec les élus locaux pour trouver une solution acceptable par tous. »

Alain Piffaretti

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