Le PSG à GRIGNON : un apport inattendu du football à la recherche agronomique ?

Pierre-Paul DEHERAIN est un fameux agronome mort en 1902, dont les travaux ont servi de base à des avancées capitales dans le domaine de l’agro-écologie. Aujourd’hui encore, à GRIGNON (78), les parcelles expérimentales qui portent son nom, continuent de livrer d’irremplaçables enseignements dans la pratique de l’agriculture raisonnée. L’arrivée du PSG pourrait les enrichir de manière inattendue !

 

Le nom de Pierre-Paul DEHERAIN, fameux agronome français né en 1830 et mort en 1902, est quelque peu oublié.

Pourtant, ce docteur ès sciences (dont la thèse portait sur les chloro-sels et l’emploi des phosphates en agriculture) est un formidable chercheur envers lequel la science conserve une dette immense et dont les travaux ont servi de base à bien des avancées capitales dans le domaine de l’agro-écologie.

Aujourd’hui encore, à GRIGNON, les parcelles expérimentales qui portent son nom continuent de livrer d’irremplaçables enseignements dans la pratique de l’agriculture raisonnée.

Professeur de chimie au collège CHAPTAL, DEHERAIN fut nommé en 1864 chargé de cours au sein de l’établissement qui se nommait alors « l’École d’agriculture de GRIGNON ». Parallèlement à une intense activité au Muséum d’Histoire Naturelle et à son admission à l’Académie des sciences, dont il devint membre en 1887, il poursuivit dans ce laboratoire en plein air devenu depuis lors celui de l’INRA, de passionnants travaux sur la physiologie végétale et l’’agriculture, s’intéressant plus particulièrement à l’assimilation des matières minérales par les plantes.

Ses études sur le plâtrage de la terre, la transpiration des feuilles, l’assimilation du carbone et la respiration végétale lui valurent la reconnaissance de ses pairs et sont aujourd’hui devenues des classiques.

C’est en 1875 qu’il créa dans l’enceinte de l’école de GRIGNON un « champ d’expérience de longue durée » qui existe toujours et continue de livrer aux chercheurs du 21ème siècle des informations capitales.

L’objectif de Pierre-Paul DEHERAIN était d’étudier l’évolution à long terme de la « qualité chimique du sol » (sa fertilité, l’évolution de la matière organique) selon les différentes pratiques agricoles dont il faisait l’objet.

Pour ce faire, il choisit à GRIGNON un replat en bordure du Rû de GALLY, situé près de la porte de CHANTEPIE, au bas d’un versant recoupant successivement diverses roches sédimentaires (limons quaternaires, calcaires et marnes du Lutétien, craie du Campanien).

 

L’endroit n’avait pas été choisi au hasard puisque le sol s’y avérait  très homogène au point de vue physico-chimique et granulométrique, cette homogénéité autorisant des comparaisons pertinentes entre les différentes parcelles du dispositif.

DEHERAIN tira de ses expériences de riches enseignements et, à sa suite, sur les mêmes parcelles qui continuent à délivrer leurs messages depuis près d’un siècle et demi, de nombreux chercheurs ont travaillé sur des thématiques variées.

L’historique complet de chacune des 79 parcelles est bien connu et de nombreux prélèvements de sols, réalisés en 1938 et ultérieurement, ont été conservés dans de bonnes conditions.

Les sols de toutes les parcelles sont périodiquement échantillonnés, analysés et archivés. Des mesures de rendement des cultures sont aussi annuellement réalisées.

Ainsi, les sols des dispositifs ont été utilisés pour l’étude des activités enzymatiques des sols carencés en potassium et en phospore, ou pour la reconstitution historique de l’évolution des teneurs des sols en éléments métalliques en traces.

Comme le souligne l’INRA, héritière de ces précieuses « parcelles DEHERAIN », ces dispositifs patrimoniaux ont trouvé aujourd’hui de nouvelles voies de valorisation.

Tout cela à GRIGNON, dans la plaine de CHANTEPIE.

Là même où le PSG formerait le projet de placer les 12 à 18 terrains de football de son nouveau centre d’entrainement …

Sacrilège ?

Peut-être pas !

Car qui sait ? L’arrivée du Club parisien dans l’enceinte du Temple de l’Agronomie française ouvrira peut-être de formidables perspectives à la recherche : labourées par les ballons de football, les parcelles DEHERAIN pourraient nous livrer des enseignements surprenant sur l’assimilation du cuir par la matière organique des sols ! Ou sur l’impact des chaussures à crampons sur le carbone organique stable  dans les sols laissés en jachère nue …

Qui a dit que l’on n’arrêtait jamais le progrès ?